La libération par le sport

Tout ce qu'elle touche se transforme en or et pourtant, Jessika Guehaseim a bien failli ne jamais faire de sport : atteinte d'un asthme sévère dans son enfance, elle s'essouffle au moindre effort, jusqu'au jour où un médecin conseille à ses parents de la mettre au sport. « J'ai commencé par la gym et les premiers entraînements étaient très difficiles, puis j'ai senti que quelque chose se débloquait au niveau de la respiration. C'était une vraie libération. » Jessika devient une gymnaste assidue, participe à plusieurs championnats de France et entre en sports études. Mais à 16 ans, elle se fracture les deux poignets sur une réception : « Quelque part ça tombait bien, j'en avais marre mais je n'osais pas le dire à ma famille. Par contre j'ai passé six mois avec les deux bras dans le plâtre au lycée, c'était l'horreur ! »

La famille du marteau

Une fois guérie, elle se met à courir avec son père, ancien international de football dans les équipes de jeunes de Côte d’Ivoire. « C'était la grande époque de l'athlé, avec Christine Arron, Marc Raquil, Leslie Djhone. Mes parents m'ont inscrite au club de Montpellier et dès les premiers entraînements, j'ai compris que ma place était là. Il y avait du monde partout, ça grouillait dans le stade, on pouvait essayer plein de disciplines… J'ai adoré ! ». Jessika commence par le sprint puis, lors d'une compétition, ses dirigeants lui demandent de dépanner l'équipe au lancer du marteau : « L'entraîneur m'a dit : tu tournes comme ça et puis tu lâches. Au premier essai, je l'envoie à 33 mètres et je finis troisième du concours ! Les lanceurs, c'est une famille à part dans l'athlétisme et j'aimais en faire partie.»

Le rugby à XIII, sa véritable passion

Alors qu'elle encourage son compagnon rugbyman depuis le bord du terrain, elle se fait repérer par les féminines du club qui insistent pour qu'elle intègre leur équipe. Dès sa deuxième saison en 2018, Jessika remporte le titre de championne de France avec les Cigales Provençales puis est convoquée à un stage avec l'équipe de France de rugby à XIII. « On était 60 filles au début, 40 au stage suivant, puis 20, et à la fin je me retrouve titulaire contre l'Angleterre, avec le numéro 8 que portait mon père en sélection. »

"J'ai l'air de prendre les choses à la légère mais quand je suis dans la performance, je me donne toujours à 100% !"

De la lutte au rugby à XIII

Jessika n'est pas du genre à s'enfermer dans une cage : à l'Insep, ses amies lutteuses la poussent à participer aux Jeux Méditerranéens de Plage de 2015 à Pescara, en Italie. À la surprise générale, elle termine à la 4e place et rate la médaille d'un cheveu. « Je n'avais jamais fait de lutte et je me faisais tout le temps pénaliser parce que je ne connaissais pas bien les règles. C'était un avantage car mes adversaires ne savaient pas me gérer ! » L'année suivante, Jessika se recasse le poignet en lançant le marteau et décide d'arrêter sa carrière.

L'entraînement, la clé du succès

Et maintenant !

Elle se consacre désormais à son métier de journaliste et a déjà commenté à la télévision des matchs de rugby à XIII, sa véritable passion. À 33 ans, elle commence tout juste à réaliser l'ampleur de sa réussite sportive : « J'avais sûrement des gênes favorables puisque nous sommes tous des sportifs de haut niveau dans la famille. »

PHOTOS : ©ALAMY IMAGES / JULIE REGGIANI

Article paru dans Sporteen N°11 (Septembre 2022)