Etudier pour surfer

Laurent Chardard passe son enfance à La Réunion. En 2012, il rejoint la métropole pour poursuivre ses études en ingénierie et continuer à surfer. Autour de l’Île, la pratique devient dangereuse du fait de la prolifération de requins. Laurent s’établit sur la Côte Basque, puis en Bretagne, toujours à la recherche de sensations et de vagues. Régulièrement, il revient à La Réunion. En 2016, au large de la plage de Boucan Canot, pourtant protégée par des filets, un squale attaque Laurent. Il perd deux membres. Durant sa rééducation, il n’a qu’une idée : reprendre le sport. « Mes membres n’allaient pas repousser, je devais aller de l’avant. J’ai cherché sur les réseaux des personnes ayant subi le même accident, j’ai vu qu’on pouvait faire beaucoup de sports différents et ça m’a motivé. Finalement l’accident n’a pas changé grand-chose dans mon quotidien. »

Nager et performer

Après son accident, son réseau paramédical l’oriente vers Bordeaux pour sa dernière année d’études, ce qui lui permet de continuer à surfer. Sa passion intacte pour le surf lui confère une aisance naturelle dans l’eau, il devient sportif de haut niveau grâce à la natation. Lors de sa rééducation, sa plus grosse difficulté est d’apprendre à écrire de la main gauche. « J’étais droitier. Alors que dans l’eau tout s’est fait assez naturellement. » Aujourd’hui, son emploi à mi-temps lui permet de s’entraîner quatre heures par jour. Laurent est un compétiteur qui aime les défis. A Paris, lorsqu’il entre dans la piscine, il ressent « une sensation folle. Débuter avec le relais, être avec les copains est encore plus intense. Ce publicnous fait nous sentir vraiment à la maison. Ça donne envie de nager vraiment vite. » Il récolte deux médailles de bronze. « J’étais super content, mais avec un goût d’inachevé. Je suis double champion du monde et je veux l’or. En 2028, mon objectif est de faire chanter la Marseillaise. »

« C’est très important de sensibiliser les jeunes sur le sport. Notamment au collège, une période parfois ingrate, le sport permet de s’accepter, et de s’entraider pour passer ce cap, en créant un groupe d’amis qui durera dans le temps. »

Médiatiser le parasport

Laurent est conscient que l’accompagnement financier et matériel de l’Etat était exceptionnel pour préparer Paris 2024. Reste que « le parasport n’est pas une priorité. C’est dommage car on a vu qu’on pouvait faire des médailles… et créer une ferveur populaire intense. » La diffusion télévisée des Jeux l’a propulsé sur le devant de la scène : « Au quotidien, on m’interpelle plus souvent dans la rue. Nous sommes de plus en plus sollicités pour intervenir au sein d’entreprises, pour raconter nos parcours. » Pour lui, aucun doute, « la médiatisation de tous les sports, notamment à la télévision, donne envie aux jeunes de pratiquer. Plus il y aura de pratiquants, plus l’émulation sera importante et le niveau augmentera : les médias doivent nous aider pour cela. » Laurent aime aller chercher ses limites, et même les dépasser !

Suivre Laurent sur insta : @laurent_chardard

PHOTOS : ©KMSP/CPSF

Article paru dans SPorteen N°27 (Avril - Mai -2025)